peut-on kidnapper son propre enfant ? (tomas&andrea)

En arrivant ici, je ne pensais vraiment pas me retrouver face à tout ça, face à tous ces sentiments. Parce que mon coeur se serre dès que Maitre Winchester tente de me donner des conseils. Je les entends, je les écoute, je les comprends mais dieu que j'aimerais que tout soit différent. Dieu que j'aimerais ne pas avoir à réfléchir à tout ça. Je ne sais pas quelle partie de ma vie j'aimerais changer. L'ultimatum de Maxime ou bien encore plus tôt. Je reste persuadée que si j'ai croisé Bonaventure aujourd'hui, ce n'est pas pour rien. C'est surement pour me dire que si je n'avais pas merdé avec lui à l'époque, c'est avec lui que j'aurais eu Louis et il n'y aurait pas de problèmes de garde. Ou peut-être que si... si un couple rompt, c'est qu'il y a une bonne raison non ? Tôt ou tard, l'issue aurait été la même. J'essaye de me le répéter mais ça ne sert à rien. Ce problème n'est pas à l'ordre du jour. J'écoute les conseils de l'avocat et je fronce les sourcils. Séduire Maxime pour avoir ce que je cherche ? Pas l'idée du siècle. Enfin, celle que je voudrais utiliser en dernier recours. " J'ai eu un papier avec la personne à contacter en cas d'urgence, s'il arrive quelque chose à Louis et que c'est mon cas aussi... Je comptais mettre mon meilleur ami et lui faire signer le papier mais si je lui demande à lui, parce qu'il est le père de Louis, etcetera, ça fonctionnerait ? Au moins un minimum ? " Et je sais qu'il deviendrait fou à l'idée que quelqu'un d'autre que lui ait à prendre des décisions sur les conditions de santé de son enfant, ce que je peux comprendre. " Qu'est-ce qui aurait le plus de valeur selon vous ? Que je lui demande une lettre notifiant qu'il accepte être cette personne ou simplement une signature sur le papier ? Et puisqu'il ne sera pas là physiquement, il faut qu'il le fasse devant un notaire ? " Je pensais presque à tout maintenant, trop paniquée à l'idée qu'il arrive quelque chose à Louis. Je ne voulais pas être séparée de mon fils, sous aucun prétexte.

La distance risque d'être un frein pour les papiers et je soupire doucement quand il pointe le fait que Maxime aura du mal à se montrer disponible en cas d'urgence. C'est vrai... Mais en même temps, c'est le seul à qui j'ai réellement parlé de ce que je souhaitais en cas d'accident et on a toujours dit qu'on ne voulait pas penser à ça pour Louis avant d'y être obligé. Alors bien sûr, prendre une décision au téléphone ce n'est pas la chose la plus facile qu'il existe mais je sais qu'il fera le bon choix, quoi qu'il en soit. J'acquiesce quand il me parle de faire signer le protocole d'urgence à Maxime. Je vais lui faire signer, le prenant un peu par les sentiments pour qu'il ne rechigne pas, rien. Il aura le dernier mot sur les décisions de soins à mon égard et à celui de Louis. Je pourrais me contenter de lui demander de signer ceux de Louis mais... J'avais très envie qu'il soit là pour moi. J'aurais voulu que cette nouvelle étape dans ma vie soit une nouvelle étape dans notre vie. Je ne pouvais pas y changer grand chose maintenant. Je souris et acquiesce. " La sécurité de mon fils n'a pas de prix Maitre Winchester " Que je souffle doucement. Il allait me couter un bras, un rein et tout ce qui va avec mais l'hôpital me paye bien et je suis plutôt sûre que s'il arrive quelque chose et que si Louis risque de devoir partir vivre en France, l'hôpital payera une partie des frais juridiques pour me garder ici. Si ce n'est pas le cas et bien... Ils me perdront parce que je prendrais un aller simple pour Paris. " Que me conseillez-vous ? Lui faire signer le protocole d'urgence qui donnera toutes nos informations personnelles, à Louis et à moi et lui parler de la garde exclusive ? Ou une garde alternée ? Je ne veux pas priver Louis de son père et Maxime de son fils mais... " Et une fois que je saurais quelle procédure enclencher, quelle posture avoir, il ne faudra pas que je plie. Jamais. À aucun moment.

Bon, même si je stresse réellement et je commence à me demander si j'ai bien fais de quitter Paris - la réponse est oui - je me retrouve avec le meilleur avocat de l'État. Bon, ça c'est lui qui le dit et je suppose que ce titre va de pair avec des honoraires plutôt excessifs. Mais bon, si c'est ce que je dois faire pour garder mon fils à mes côtés et être sûre de ne pas avoir à repartir en France, je suis prête à vivre sur la paille et ne manger que des pâtes à l'eau. Après tout, j'ai réussi à survivre les premières années de mes études. Il n'y qu'une fois passant de stagiaire à interne que j'ai eu de quoi manger un peu plus et un peu mieux. Je me souviens encore trop bien de ces nuits à crever la dalle, de ces journées à me nourrir exclusivement de pommes et d'eau, cette dernière gonflant dans l'estomac et provoquant une sensation de faim. Je souris légèrement à Maitre Winchester quand il demande à son assistante d'établir un contrat et je regrette qu'il n'ait pas ouvert la porte pour le faire. J'aurais pu voir si Bonaventure était toujours là ou non. " C'est très gentil de votre part. On ne fait que notre métier... J'ai hâte de commencer en tout cas. Je suis à la tête des urgences. Si vous ou quelqu'un de votre famille arrive dans mes urgences quand j'y suis, ils auront le traitement VIP, vous pouvez en être sûre " C'est le minimum que je puisse faire pour lui et pour sa famille, ses amis ou autre. On sait tous que les soins aux États-Unis n'ont rien des soins en France ou ailleurs. Ici, c'est celui qui a le plus de frics qui se fait le mieux soigner et j'ai encore un peu de mal avec tout ça. Enfin, ce n'est pas le sujet de la conversation ici. Ici, c'est de mon bout de chou qu'il s'agit, de mon petit amour. Le dernier amour de ma vie mais celui qui va durer jusqu'à la mort. " D'accord... Juste le protocole d'urgence " Que je souffle en sortant mon cellulaire pour noter ces deux mots dans le bloc note. Je n'oublierais pas mais je suis bien capable de chercher le papier pendant des heures, les mots en anglais mettant un petit peu de temps à arriver à mon cerveau. Quatre ans à ne parler que français... Ça touche le cerveau. " Oui bien sur. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] qui est mon adresse personnelle mais vous voulez peut-être celle de l'hôpital ? Même si pour le coup, je n'ai aucune idée de ce que ça va être, je ne l'ai pas encore " Que je souffle avec un léger sourire à l'avocat. En mettant les choses à plat, en me parlant calmement, il a réussi à me calmer et ça, c'est plutôt ouf. " Vous avez besoin de quelque chose d'autre ? " Je ne sais pas trop quoi mais bon. Histoire que tout soit opérationnelle si Maxime vrille. Parce que s'il y a bien une chose dont je suis sûre, il ne viendra pas me rejoindre ici. Et peut-être que je n'en ai pas envie...

Si aider les gens à se sortir de leurs soucis juridiques était sa spécialité, la mienne consistait à sauver des vies et à aider des gens d'un point de vue médical. Alors forcément, quand je voyais qu'il était prêt à m'aider, à prendre mon dossier en charge et, en plus de ça, me faire un prix spécial parce que je suis médecin... Lui apporter mon aide en cas de bras cassés, de chute un peu trop violente ou autre est le minimum syndical. Surtout que, à ses mots, ce n'était pas pour lui qu'il userait de notre 'lien' mais pour aider les siens et ça lui donnait quelque chose d'un peu plus humain et doux que l'homme peu souriant, coincé dans son costume que j'avais en face de moi depuis quelques minutes maintenant. Il avait la stature de l'avocat et c'était important. Dans ce métier, le paraître compte beaucoup. Tout comme en médecine. Personne n'a envie de se faire soigner par un médecin qui sent mauvais et est négligé. " Je suis beaucoup plus joignable sur celle-ci " Soufflais-je doucement avec un léger sourire. Oui, l'adresse du travail, j'essayais de ne pas m'en servir trop souvent. Je tentais de laisser professionnel et personnel dans deux sphères différentes même si toutes les personnes me connaissant savent que ça n'arrive presque jamais. J'écoute Maitre Winchester et réfléchis à tout ce qu'il me demande. " Maxime Dupont, 8 mai 1985, ingénieur en géothermie, aucun antécédent médical, aucune addiction... C'était un peu monsieur Parfait " Physique agréable, compte en banque bien rempli, sportif, la tête sur les épaules et tout ce qui va avec... La perle rare mais pas assez rare pour moi, c'est clair et net. " Pour Louis on avait juste parlé du fait qu'il ne mettrait jamais les pieds dans une école privée, qu'on ne lui imposerait pas de religion. Et nous n'avons pas vraiment pensé au reste tout de suite. On avait rendez-vous mi-juin avec un avocat parisien pour tout mettre en place et discuter des questions au sujet de Louis. Pour moi c'est assez simple, c'est la santé et le bonheur de l'enfant avant tout. Et Louis est en bonne santé et heureux ici. Mais il l'était aussi à Paris donc... " Ça ne va pas être très facile tout ça. Et je regretterais presque tout ce que j'ai fait pour le moment... Mais je ne dois pas flancher ! Avouer une bêtise reviendrait à me couper la main et la tête en même temps...

Maxime a tout de l'homme parfait et Maitre Winchester me le fait vite comprendre. Putain fait chier. Pourquoi est-ce que la perfection ne me convient pas ? Oh, parce que c'est ennuyeux ! La petite famille parfaite, la petite vie parfaite est tout ce dont j'ai toujours rêvé et pourtant, une fois que je l'ai eu, ça m'a fait flipper… J'ai paniqué, une fois encore. Sauf que cette fois, je ne suis plus seule et je risque d'avoir emmené une petite vie innocente dans une périple à n'en plus finir. Je le regarde et hausse les épaules. " Pas de soucis. On est là pour ça non ? " Et j'enchaîne rapidement sur les raisons de mon départ. " La France est un magnifique pays mais ça n'a jamais été la maison pour moi. Je ne sais pas si vous avez déjà déménager, changer de pays mais … quand on se sent bien dans un pays, on a pas envie d'en partir. Moi, j'avais envie de quitter la France. Aucun moyen d'avoir plus de responsabilité en France et les États-Unis sont ma maison… " Je tente de poser le décor. Il est intrusif - c'est son job, ok - alors je lui donne de l'information à revendre. " J'ai postulé pour le job de chef du service de trauma ici parce qu'il s'agit des US et que mon meilleur ami vit ici. C'était une façon de me rapprocher de lui et d'avoir quelqu'un pour nous aider. Je comptais venir avec Maxime, bien entendu ! Mais quand j'ai eu le poste et que je lui ai annoncé la bonne nouvelle, il m'a simplement dit que c'était le travail ou lui parce qu'il ne quittera pas la France, en aucun cas " Je soupire fortement et passe une main dans mes cheveux. " Je me suis sentie prise au pièce et… avec ce que j'ai vécu plus jeune, un homme qui prend les décisions à ma place… je n'ai pas pu. Et au final, j'ai choisi mon travail plutôt que lui " Et je suis persuadée que j'ai pris la bonne décision. C'est juste difficile à avaler et à accepter. " Je ne sais pas si vous pouvez vous servir de ça contre lui mais s'il le faut… Faites le. Il m'a demandé de faire un choix, je l'ai fais. Et il était, bien entendu, hors de question que je laisse mon fils derrière moi. Ce bout de choux s'appelle Cermolacce et pas Dupont " Un bon point pour moi peut-être ? J'ai fais des pieds et des mains pour que Louis ait mon nom. J'ai sorti des tas d'arguments à Maxime pour cela et l'argument gagnant a été le suivant : des Dupont, il y en a des tas, des Cermolacce … beaucoup moins ! C'est une façon de rendre ce petit garçon unique.