Debrief dans l'ascenseur

“La compétence sans autorité est aussi impuissante que l’autorité sans compétence.”

« Vous devriez avoir plus confiance en vous Crain mais il est vrai que dans la police, il est plutôt rare que les femmes reçoivent des compliments sur leurs compétences. Je ne peux malheureusement pas changer cet état de fait » regrettais-je. J’avais tenu lors de la composition de ma brigade à avoir des femmes dans mes rangs car elles étaient beaucoup plus efficaces que certains hommes dans bien des domaines. Le problème c’est que nous vivions encore dans une société machiste et les officiers de police femmes, avaient tendance à être plus complimentées sur leur physique qu’autre chose. « Alors faites en sorte que votre passé n’influence plus vos actes présents. Il faut que vous arriviez à le mettre derrière vous. Sans cela, votre colère sera toujours un frein voire un obstacle pour votre carrière. Je ne peux pas me permettre d’avoir dans mes rangs, quelqu’un d’instable émotionnellement parlant. Quand je vous gueule dessus, je cherche pas à vous punir mais à vous faire prendre conscience de la réalité » répliquais-je suite à ses paroles. J’espérais sincèrement que Thalya comprendrait que je n’étais pas un ennemi pour elle mais bel et bien un allié.

Il fallait que ce maudit ascenseur tombe justement en panne au plus mauvais moment. J’essayais de détendre l’atmosphère notamment en lui révélant l’une de mes pires craintes. « Les petits chiens sont les pires ! Ils sont fourbes, dangereux ! Ma grand-mère en avait un quand j’étais petit. Il passait son temps à m’attaquer et à me faire peur » râlais-je en marmonnant avant de lever les yeux au plafond. « Croyez-moi, j’en suis pas fier mais j’ai bel et bien peur des petits chiens. Si cette information sort de cet ascenseur, vous pouvez d’ores et déjà remettre votre uniforme car je vous envoie un mois à la circulation » plaisantais-je à moitié. Je n’avais pas très envie qu’on se fiche de ma tête à cause de ça. J’avais cru que l’angoisse de Thalya allait s’estomper mais juste à ce moment-là, l’agent d’entretien apporta de mauvaises nouvelles. Je m’installais donc à ses côtés pour la prendre dans mes bras. « Hawaï me manque également. Vous n’êtes pas la seule dans ce service à être originaire de l’île. A la mort de ma femme, mes parents ont insisté pour que je revienne sur l’île mais je craignais que ma fille grandisse dans l’ombre de sa mère. Déjà, je lutte pour qu’elle ne se sente pas coupable de sa disparition » murmurais-je tandis qu’inconsciemment mes doigts caressaient ses cheveux bruns. « Elle est morte en mettant au monde notre fille »

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Cela faisait plaisir d'entendre quelqu'un confirmer le fait qu'être une femme dans la police n'est pas simple, peu de compliment et dès qu'une erreur était faite, c'était pire que tout. J'avais fini par m'y habituer à force, mais ça n'arrangeait pas mon caractère. Et je ne sais pas pourquoi, mais cette discussion avait fini par une grosse dispute et maintenant je commençais à m'apaiser petit à petit. Et j'étais vraiment surprise car peu de personnes n'arrivaient à me calmer quand j'étais aussi énervé, et lui il y arrivait, et ce n'était pas parce que c'était mon chef car je n'avais pas peur de lui tenir tête. Mais dans ses paroles il avait raison et c'était vraiment étrange. " Avoir confiance en moi, c'est quelque chose encore compliqué. Oui est une femme qui a un fort caractère c'est pire, mais je ne me rabaisserais pas face au policier trop macho, au contraire. " Je préférais le prévenir car quand je tombais sur un policier macho, c'était pire que tout car au contraire, cela m'énervait encore plus et je le montrais bien. J'avais connu le machiste depuis mon entré dans la police et cela avait forgé encore plus mon caractère. " Mon passé fait partie entièrement de moi et c'est juste impossible de pouvoir l'oublier. Mais voir une psy ça n'aide pas à mettre le passé derrière nous au contraire, ça fait ressurgir tout ce qui a pu créer cette colère. " Encore une fois je cherchais à fuir ce genre se rendez-vous et dans un sens j'avais raison, il voulait que je laisse mon passé derrière moi, qu'il n'influence pas sur mes actes présents, mais en parlé c'était pire que tout pour moi.

Enfin je n'avais pas trop le temps de penser à mon passé et me disputer avec lui vu que l'ascenseur venait s'arrêter d'un coup et une crise de panique apparaissait en moi. Je pensais que le silence allait régner dans cet habitacle si petit, mais non c'était tout le contraire, il venait me changer les idées en disant qu'on avait tous une peur en nous. Il arrivait même à me faire faire un petit sourire, la peur commençais à disparaitre petit à petit. " J'avoue les petits chiens sont de vraie petite terreur quand même et incontrôlable. " Et voilà qu'il me menaçait, enfin je voyais bien sûr son visage que c'était pour plaisanter. " Si un petit chien vient vous attaquer, je viendrais vous défendre tout en gardant le secret. " Mais mon sourire venait très vite s'effacer quand j'entendais l'homme de l'autre côté d'interphone dire que ça allait durer beaucoup plus longtemps, la peur revenait en moi à vitesse grand v. Assise dans les bras de Makan, j'essayais de penser à autre chose et j'apprenais qu'il était Hawaï aussi. " Je suis désolé pour votre femme... Après faut montrer vos origines à votre fille, Hawaï est tout de même une île magnifique. Je ne pense pas y retourner un jour même si ma fille en a envie. Elle a quel âge votre fille? " Cela me rappelait tellement de mauvais souvenir et disons qu'il y avait des gens là-bas à qui j'en voulais plus que tout. Je sentais ses doigts caresser mes cheveux, cela m'apaisait un peu. Lui parler de cette danse que je faisais faisait revenir des images en mémoire, cela me manquait tellement. C'était assez surprenant car on venait se confier l'un à l'autre. " Malheureusement pour moi, Hawaï me rappelle plus la violence, la haine et la colère et c'est de là-bas que cette peur a surgi en moi. " Mais qu'est-ce qui me prenait de venir me confier à lui, c'était mon chef et tout ce que je disais pourrais être utilisé contre moi. Je gardais les yeux en restant contre lui alors que mes mains tremblaient toujours, j'avais cette impression d'être épuisées faibles.

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J’avais beaucoup d’estime pour les femmes policières car il fallait du courage pour s’accrocher face à certains collègues masculins. Dans mon service, il était hors de question que je tolère le moindre geste ou la moindre parole déplacée. Chacun de mes subordonnées était placé sur le même pied d’égalité et je n’hésitais jamais à leur livrer le fond de ma pensée. « J’espère bien. Vous avez autant de mérite qu’un autre mais essayez de ne pas trop perdre votre calme. Bien souvent, ce genre d’attaques puériles est mené dans l’unique but de pousser à bout histoire d’avoir un motif contre la femme afin de la virer. Ce n’est pas glorieux et je ne cautionne aucunement ce comportement mais c’est la triste réalité des choses » lui dis-je. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle se rabaisse ou ne dise rien mais comme pour sa colère, elle se devait de trouver le juste milieu. « Personne ne vous demande de l’oublier mais un psy pourra certainement vous donner des méthodes afin de canaliser votre colère ou faire en sorte qu’elle n’handicape plus votre vie professionnelle et privée. Des fois, il faut savoir affronter son passé pour pouvoir le mettre derrière soi » tentais-je de la convaincre. Thalya fuyait un passé dont j’ignorais tout mais je savais que la fuite n’était pas la meilleure des méthodes. Il fallait qu’elle accepte de s’y confronter pour avancer dans la vie.

« Je savais que je pouvais compter sur vous » lui dis-je quelques instants plus tard après lui avoir confié ma peur des petits chiens. Une phobie for peu glorieuse mais une phobie tout de même. Je n’étais qu’un être humain malgré ma carrure imposante. Je n’étais pas vraiment surpris d’apprendre qu’elle était originaire d’Hawai puisque je l’avais vu dans son dossier au moment de son transfert. « Je ne la tiens pas éloignée de l’île ni même de ses origines. Nous y allons au moins une fois par an, en été pour qu’elle puisse profiter de ses grands-parents. Elle a huit ans et la votre ? » lui demandais-je à la fois par curiosité mais également pour lui changer les idées et qu’elle ne panique plus concernant l’ascenseur. « Il doit bien y avoir des souvenirs agréables là-bas non ? » l’interrogeais-je après coup en attrapant ses mains tremblantes dans les miennes. « Je suis là, vous n’avez pas à avoir peur. C’est un de mes jobs de vous protéger »

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Rentrer dans la police avait été tellement compliqué pour moi et encore plus quand j'avais eu cette relation avec un de mes supérieurs qui était devenu par la suite mon mari. Donc oui, je connaissais très bien la vie compliquée dans ce genre de milieu, entre me faire rabaisser, dire que je n'étais pas aussi forte qu'eux, enfin je prenais sur moi jusqu'à un certain point quand même. Je faisais un petit rire ironique quand il me disait que je devais tout de même rester calme. " Moi rester calme, vous avez de l'espoir dit donc, je ne suis pas du genre à me laisser faire et malheureusement parfois j'agis avant de réfléchir, encore plus avec mes collègues, pour eux c'est un jeu de me provoquer... Et se sera toujours ça de toute façon, les années passent mais certains hommes seront et resteront toujours à l'air de Cro-magnon. Que se soit ici ou dans un autre endroit." Car oui même ici j'avais eu quelques soucis avec certains de mes collègues et même si j'étais nouvelle, je faisais quand même tout pour me retenir, mais pas pour longtemps car un jour je viendrais m'énerver contre celui qui irait trop bien. En tout cas je n'arrivais pas à faire face à mon passé, cela me rappelait beaucoup trop de mauvais souvenirs, je n'avais pas envie d'être jugé ou prise par pitié par la suite. "Et ce que je dis à la psy, elle viendra tout vous repétez? " Car oui en effet c'était ça que je redoutais par-dessus tout, je n'avais aucune confiance dans les gens autour de moi.

Enfin moi qui faisais tout pour renfermer toute cette peur en moi, cette phobie et pourtant je venais lui montrer clairement que dans un moment comme celui-là j'étais totalement mal, à la fois incontrôlable et paniqué surtout. Et pourtant Makan arrivait à me calmer en venant me parler doucement, me prenant dans ses bras et il arrivait surtout à me faire parler d'Hawaï, je me demandais comment il y arrivait, cette phobie déliait beaucoup trop ma langue mais je venais en apprendre un peu plus sur lui en même temps. " L'été, le meilleur moment pour y aller, au moins ça dépayse, tellement différent d'ici. " Stella a 6 ans et elle a eu de la chance de connaitre Hawaï quelques années avant ma mutation, mais je lui ai fait voir que les bons côtés. " Même si maintenant je n'avais plus aucune raison d'y aller, encore plus quand j'avais appris que mon père était retourné là-bas pour me retrouver. J'arrivais à me changer les idées, mais Hawaï était un sujet tellement délicat. " Des souvenirs agréables? Malheureusement qu'en j'y repense je ne revois que la violence et les coups... Il y a bien la danse, la nature qui sont des souvenirs agréable mais pas assez nombreuse par rapport aux autres. " Thalya il faut vraiment que tu apprennes à te taire, pourquoi parler de coups, il allait encore plus se poser des questions. Je sentais ses mains attraper les miennes que je serrais fort, cela faisait longtemps que je n'avais pas été aussi proche d'une personne. " J'essaye... J'essaye... Mais dure de combattre les peurs. " Je venais attraper mon téléphone pour venir mettre une musique hawaïenne alors que je revenais me blottir dans ses bras en fermant les yeux. " J'ai fini meilleure danseuse sur cette musique, j'avais 15 ans. "

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« Tout ce que vous direz à cette personne restera dans son bureau. Elle est tenue au secret médical. La seule chose qu’elle me communiquera, c’est son évaluation pour savoir si oui ou non, je peux vous laisser sur le terrain. C’est la seule chose que je saurais alors ne prenez pas ces rendez-vous comme une punition mais bel et bien une chance d’avancer ou du moins de progresser par rapport à cette colère » lui répondis-je pour qu’elle comprenne qu’elle pouvait se lâcher et que rien ne me reviendrait. Je n’avais pas à le savoir, cela touchait sa vie privée après tout. La seule chose qui me préoccupait était de savoir si oui ou non, elle n’était pas un danger pour elle ou les autres. Mon devoir de supérieur hiérarchique s’arrêtait là. Toutefois, je commençais à me dire que mon inquiétude pour elle dépasser légèrement le cadre du travail. J’apprenais à voir une nouvelle facette de sa personnalité, plus fragile, plus femme, plus humaine. Je n’avais fait que me confronter à elle depuis que je la connaissais. Or, là, j’avais le droit à une vision plus humaine de cette femme pleine de contradiction et de fêlure. Par ses propos, je commençais à entrevoir la source du problème. Elle devait avoir connu les coups d’un homme, soit un père, soit un mari. J’ignorais encore de qui, il s’agissait même si je penchais plus pour le père. « Vous voyez, il y en a tout de même mais vous avez raison, c’est la meilleure période pour partir. J’y vais également pour profiter des spots de surf mais ne le dites jamais à ma famille, ils croient toujours que c’est pour eux que je viens chaque année » plaisantais-je pour la détendre tandis que je sentais ses mains tremblantes dans les miennes. Elle se détacha de moi l’espace d’un instant pour mettre de la musique et je fermais les yeux pour me laisser un peu bercer par cette mélodie qui me rappelait tant mon île. « Vous vantez pas trop ou je vais demander une démonstration ! Remarquez, cela pourrait vous changer les idées de danser pour moi. C’est pas très professionnel mais on le dira à personne » la taquinais-je toujours dans le but de lui changer les idées même si j’étais curieux de la voir danser.

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Je n'étais pas une femme qui était du genre à aller voir son chef pour dire quand quelque chose n'allait pas dans son travail, donc même si j'avais le droit à des paroles qui pouvaient rabaisser, je prenais sur moi, je répondais et donc non je ne prenais vraiment pas la bonne solution. Je sais qu'une hiearchie pouvait aider dans ce genre de moment, mais non cela ne me ressemblait pas du tout, je préférais largement me débrouiller toute seule et pire que tout, montrer que j'étais une bonne flic, même si le plus souvent je pouvais me mettre en danger. Et à cause de ce genre de comportement je me retrouvais à devoir aller voir une psy mais cela ne me rassurait pas du tout. " Je risque d'avoir besoin de beaucoup se rendez-vous alors, car cette colère en moi me hante malheureusement depuis bien trop d'année. " La preuve, cela datait de mon enfance et tout ce que j'avais enduré finissait par ressortir après, une fois que j'avais appris à me défendre. Donc oui face à une enfant en danger je pouvais totalement vriller. Et surtout sans eux je ne me voyais pas réussir à surmonter cette colère, seule et face à une inconnue ça n'aidait vraiment pas. En tout cas cet ascenseur déliait beaucoup trop les langues, il me posait des questions, me faisait parler pour me changer les idées et comme une idiote je répondais et surtout je ne maitrisais pas mes paroles, je venais lui donner beaucoup trop d'informations sur mon passé, ma vie et surtout sur ce qui avait bien pu m'arriver. Cet homme qui était pourtant mon chef, qu'on ne soit pas proche, j'arrivais à me confier à lui et surtout il arrivait à me calmer et sourire en même temps. " Je ne dirais rien promis, j'voue que le surf me manque beaucoup, j'ai surement perdu la main depuis. " Enfin même s'il tentait de me calmer, je n'y arrivais pas donc je trouvais une autre solution en attrapant mon téléphone et mettre une des musiques de là-bas. Je fermais les yeux en revenant instinctivement contre lui. Mais je manquais un battement de coeur quand il me proposait de danser, je relevais le visage vraiment surpris. " Je n'ai pas dansé depuis des années, puis je n'ai pas la tenue de du bas et vous êtes mon chef..." Danser pour un chef, alors là je n'avais jamais imaginé cette scène, mais dans un sens il avait raison. " Bon d'accord... Mais vous ne dites rien à personne. " C'était le premier depuis des années qui me verrait danser. Je me levais donc pour remettre en route ma play-list et surtout cette musique. Même si je n'avais pas la tenue j'arrivais à retrouver la chorégraphie, je dansais comme là-bas en gardant les yeux fermés, mes hanches bougeaient, les bras, tout et c'est vrai que ça faisait tellement de bien, le sourire venait même revenir sur mon visage. Je ne pensais plus à rien, juste cette musique, Hawaï, comme si que j'étais dans un autre monde, plus du tout dans cet ascenseur et surtout sans faire attention à Makan. Cette danse était mon opposé ou du moins un côté caché de moi, douce, gracieuse et calme et j'arrivais à me calmer, un bonheur, mon visage se détendait petit à petit.

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J’étais satisfait de la réaction de Thalya. Elle ne criait plus à l’injustice par rapport à cette histoire de rendez-vous chez le psy. Au contraire, elle ne semblait plus offusquée par cette idée mais belle et bien décidée à essayer. « Vous avez toutes les séances que vous souhaiterez. J’ai posé simplement les bases : après, c’est vous qui gérez » lui répondis-je. J’avais fixé une base d’au moins trois rendez-vous imposé avec la psy pour essayer de la faire réagir mais si elle ressentait le besoin d’en faire plus pour aider à gérer sa colère alors je n’allais absolument pas m’opposer à cela. Si j’avais su qu’il fallait l’enfermer dans un ascenseur pour la faire parler, je l’aurais fait depuis très longtemps songeais-je non sans amusement. J’apprenais à faire connaissance avec mon officier et je devais reconnaitre que j’appréciais la femme qui se dessinait derrière cette tête brûlée. Thalya m’apparaissait sous un jour nouveau qui m’arrachait beaucoup de sympathie. « Comment peut-on perdre la main ? Le surf, c’est comme le vélo. Impossible d’oublier. Il me tarde de prendre mes prochaines vacances pour aller taquiner la vague » soupirais-je rien qu’à cette pensée. J’aimais retourner à la maison pour m’y ressourcer et souffler un peu. Être capitaine était un poste à haute responsabilité et de temps en temps, ne plus penser au boulot faisait du bien. Ma fille était la première à être heureuse quand j’étais en vacances car cela signifiait qu’elle avait enfin son père pour elle toute seule. J’avais beaucoup de chance d’avoir une enfant si calme et compréhensive. Thalya mit sa musique à ce moment-là et sans savoir ce qu’il me prenait, je la mettais au défi de danser. Ce n’était pas un comportement très professionnel mais je m’entêtais à me dire que c’était pour son bien, pour lui changer les idées. « La tenue ne fait pas tout ! L’espace d’un instant, songez que je suis juste Makan, un ami qui cherche à vous changer les idées » insistais-je avant qu’elle n’accepte. Je m’installais un peu mieux contre la paroi avant d’observer le spectacle qu’elle m’offrait. Thalya n’avait pas conscience de combien elle était magnifique quand elle baissait sa garde. Je chassais cette pensée de mon esprit. Je n’avais pas le droit de la considérer comme une femme magnifique. Je pouvais à la limite devenir son ami mais c’était bien la seule limite qui m’était donnée de franchir. A la place, je profitais donc du spectacle qu’elle m’offrait. J’avais limite l’impression de retrouver l’île, la famille. C’était quelque chose qui me manquait réellement même si j’aimais ma vie à la Nouvelle-Orléans. Son visage se détendait de plus en plus et malgré moi, je restais fixé sur ce dernier. Une secousse un peu plus forte intervint à ce moment-là, la faisant chuter. Par réflexe, je l’attrapais par les hanches pour la ramener contre mon torse, entre mes jambes. « Est-ce que tout va bien ? Vous avez vu, même l’ascenseur a apprécié votre danse ! » lui dis-je en baissant les yeux vers elle, un sourire amusé aux lèvres.

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Je n'arrivais pas à comprendre comment il arrivait à changer mon comportement d'un coup, moi qui étais si en colère et révolté au début de notre conversation, là c'était devenu tout le contraire, le calme était revenu en moi et j'écoutais enfin ce qu'il était en train de me dire. Je me posais beaucoup de questions et cette solution d'aller voir une psy était peut-être une bonne idée en fin de compte, mais je devais m'en convaincre. " Et les bases ça comprend combien de séances au juste? On verra comment se passe le premier rendez-vous déjà et après je verrais. " Car oui le plus souvent je me fiais à la première impression et pourtant j'étais en train de me rendre compte que j'avais eu toute faux sur Makan, il n'était pas le chef que j'allais détester, au contraire, je commençais même à l'apprécier un peu, il ne venait pas me juger sur les peurs qui me hantaient, il avait osez-me prendre dans ses bras pour me rassurer alors qu'il était mon supérieur, enfin le genre de geste qui était devenu inconnu pour moi. Et petit à petit j'étais en train d'apprendre à le connaitre aussi, il était hawaïen comme moi et on avait quelques points communs, sa fille, le surf, en tout cas il arrivait même à me changer les idées et faire disparaitre cette peur en moi petit à petit. " Bon et bien aux prochaines vacances j'essaye de retourner là-bas pour surfer. " Alors que normalement je ne voulais plus y retourner, mais qu'est-ce qui m'arrivait et surtout qu'est-ce qu'il m'avait fait. Moi qui ne pensais plus du tout comme cela normalement, là je pensais à nouveau à mes origines et je venais même mettre la musique sur mon téléphone sans comprendre pourquoi je le faisais, mais ça arrivait à me calmer un peu et voilà qu'il me mettait au défi de danser et il ne fallait pas le faire, j'acceptais toujours les défis. " Bon d'accord, mais ça reste entre nous. "Je venais me convaincre de me lever en me mettant à danser, les yeux fermés j'avais presque l'impression d'entendre les vagues, je me sentais vraiment bien d'un coup, plus de stress juste le pur bonheur de ses souvenirs qui me revenait en tête, mon corps et mes mains bougeant au rythme de la musique. Cela faisait tellement longtemps que je ne m'étais pas senti aussi gracieuse et belle même si je ne me voyais pas. Je ne faisais plus attention à rien jusqu'à sentir une secousse qui venait me faire chuter d'un coup, je faisais un petit cri de douleur et frayeur alors que je me retrouvais dans les bras de Makan encore une fois, mes mains sur son torse. Je venais faire une grimace en essayant de bouger ma cheville, ma main venant sur ma cheville ." Ou au contraire, il n'a pas aimé ma danse et a voulu que j'arrête. " Je venais croiser son regard dans lequel je me noyais, mais qu'est-ce qui m'arrivait, pourquoi est-ce qu'il avait cet effet sur moi, je n'arrivais pas à quitter son regard en restant dans ses bras.

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Je n’étais pas étonné que Thalya me demande directement de à combien de séances, elle allait devoir obligatoirement se rendre. C’est donc avec un petit sourire amusé que je lui répondais « Trois séances au minimum. Après si vous en avez besoin de plus, vous en parlerez directement avec la psy mais je tiens à ce que vous ayez trois séances et je parle de vraies séances où vous aurez un échange avec elle. » lui répondis-je afin qu’elle comprenne que je me laisserais pas abuser. Je voulais qu’elle parle, qu’elle se livre ou du moins qu’elle accepte la discussion avec cette psychologue. Sans cela, rien de bon ne pourrait en ressortir et nous en serions inutilement, revenus au point de départ. J’étais certain que derrière cette colère se cachaient beaucoup de traumatismes et je commençais peu à peu à les découvrir au travers de ses propos. Je ne me tromperais surement de pas de beaucoup si j’affirmais qu’elle avait connu les coups d’un proche ou d’un membre de sa famille. Puis, il y avait la trahison de son mari. J’avais eu accès à son dossier car il était important pour moi de savoir avec qui je travaillais. Son mari avait été accusé de corruption. Dans le milieu, on ne pardonnait pas beaucoup aux pourris et encore moins si le conjoint était de la maison. Thalya avait dû essuyer également les soupçons de ses collègues. Tout cela pouvait vous rendre à fleur de peau et c’était un peu mon boulot de veiller à ce que mes hommes sous mes ordres ne pètent pas un câble. Enfin, j’essayais sûrement de me donner bonne conscience car je sentais que je dépassais un peu les limites de mon statut en la poussant à m’offrir cette danse. Je partais d’un bon sentiment mais quand Thalya se mit à danser, je commençais peu à peu à le regretter. Elle était belle, gracieuse et cette douceur qui s’inscrivait sur ses traits la rendait angélique. Elle avait tout pour plaire à un homme et j’en étais malheureusement un. L’ascenseur se secoua d’un coup et je la rattrapais comme je pouvais dans mes bras. « Je préfère ma version, elle est beaucoup plus optimiste » répliquais-je avant de me perdre dans son regard. Sans en avoir conscience, la distance entre nos deux visages se fit presque infirme mais je me reprenais au dernier moment. « Tout va bien ? Rien de cassé ? » lui demandais-je après m’être raclé la gorge. Je la vis alors se tenir la cheville. « Vous vous êtes fait mal à la cheville ? Laissez-moi voir » et ce n’était évidemment pas une question car je pris d’autorité son pied blessé pour enlever sa chaussure et relever un peu son pantalon pour ausculter délicatement sa cheville. « Est-ce que ça fait mal quand je fais ce mouvement ? » l’interrogeais-je en faisant légèrement tourner son pied vers la gauche.

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Je n'aimais pas avoir de surprise, donc oui même s'il avait surement raison en me faisant voir un psy, j'avais ce besoin de savoir pour combien de séance j'aurais le droit. Et en plus cette situation avait l'air de l'amuser, bon oui il avait réussi à faire baisser ma garde, je n'étais plus en train de m'énerver contre lui. " Trois séances avec un elle, je ne vous garantis rien... Je verrais la première impression que j'aurais au moment venue. " Car oui comme on disait si bien, fallait toujours se fier aux premières impressions et j'espérais qu'elle allait être bonne car je me connaissais, si ça se passait mal j'allais totalement me renfermer sur moi. En tout cas je ne sais pas mais avec Makan c'était tellement différent, j'arrivais à lui parler alors que c'était mon supérieur et surtout, que ça pouvait avoir de fortes répercussions sur mon avenir, mais je ne sais pas, j'avais confiance en lui et c'était comme naturel, les mots sortaient de ma bouche naturellement. Au moins il devait surement comprendre que si j'avais un tel caractère c'était à cause de ma passe, j'avais osé lui faire comprendre que j'avais reçu des coups étant jeune, mais pourquoi? Et surtout maintenant je ne pouvais pas revenir en arrière, les mots étaient dits, en tout cas il ne revenait pas là-dessus. Puis il y avait cette histoire à propos de mon mari, enfin défunt mari maintenant, et tous ses flics qui m'avaient tourné le dos. Je sais que ce n'était pas avec une simple discussion que j'allais tourner la page sur ce qui m'était arrivé.

Enfin je n'avais pas du tout envie d'y penser, je finissais par me lever pour commencer à danser, chose que normalement je n'aurais jamais dû faire. Mais cet homme avait une manière de parler, il trouvait les bons mot et cette aura autour de lui, enfin encore une fois je ne comprenais pas. Mais je finissais par me mettre à danser et pendant quelques minutes j'étais de retour à Hawaï, la joie pouvait se lire sur mon visage. Mais malheureusement pas longtemps vu que ascensseur venait de bouger violemment et je tombais à nouveau mais cette fois en me faisant mal. Je me retrouvais à nouveau dans les bras de Makan alors que mon regard venait se plonger dans le sien n'osant plus bouger, nos visages si proches, mais qu'est-ce qui se passait, je ne comprenais rien. Pourquoi est-ce que d'un coup je sentais mon coeur battre encore plus vite, cette sensation que je n'avais pas ressentie depuis tellement longtemps. Mais d'un coup il venait se reprendre et je venais cligner des yeux, comme pour sortir d'une rêverie. " Disons que je ne vais pas danser de sitôt. " Je massais un peu ma cheville ne voulant pas l'inquiéter, mais je n'avais pas le temps de dire quoi ce soit qu'il venait devant moi pour prendre ma cheville en main. Je venais grimacer alors qu'il tournait doucement ma cheville. " Un peu oui... Mais ce n'est pas la première entorse que je me fais. " Puis la douleur je connaissais vu ce qui avait pu m'arriver. " Je vais survivre. " Et là j'entendais l'interphone, tout de suite mon visage venait se fixer dessus. " nous sommes désolés, la secousse que vous avez ressentie vient de nous faire perdre du temps. On en a pour encore une bonne heure. On ne vous oublie pas. " Je venais tourner le visage vers Makan, le mien venait se refermer totalement. " Makan...1 heure... Non..." J'avais la sensation de ne plus arrivé à respirer, une heure c'était beaucoup trop pour moi là d'un coup. J'essayais de reprendre mon souffle en venant croiser le regard de Makan, je devais me concentrer sur lui, juste sur cet homme, respirer encore et encore, mais c'était dur.