Le client est roi

Pourquoi est ce qu'il était venu ? Pourquoi est ce qu'il avait appelé pour prendre rendez vous ? Sincèrement, c'était totalement idiot de sa part. Ce n'était pas son genre de fréquenter des prostitués et pourtant depuis quelques temps, il venait dans cette chambre d'hôtel assez régulièrement. Un peu trop à son goût mais il ne pouvait s'empêcher de faire autrement. Il regarda sa montre. Elle était en retard comme souvent. En général, il n'était pas focalisé sur la ponctualité mais là, c'était différent. Combien de fois avait-il pensé partir de cette chambre avant l'arrivée de la demoiselle ? Combien de fois avait-il ouvert la porte, fait quelques pas dans le couloir ? Mais à chaque fois, il était revenu, il s'était assis sur le lit. Avant de recommencer quelques minutes plus tard. Cette fois, c'était décidé, il allait rentré chez lui ou retourner au travail pour s'empêcher de penser à la demoiselle. Mais voilà que quelqu'un frappa. C'était elle, c'était trop tard. En même temps, il en éprouvait un profond soulagement. Il lui ouvrit la porte. Elle parlait de désir et elle n'avait pas idée à quel point. « Salut ma belle » Tous les doutes de Neal venaient de s'envoler et il n'avait qu'une envie, c'était de caresser chacune des parties de son corps. Et pourtant, quelque chose attira son attention. Il s'approcha d'elle et enleva une mèche qui était devant son visage. « Qu'est ce qu'il s'est passé ? »

Comment cette fille pouvait lui faire cet effet là ? Cela faisait 5 ans qu'il avait divorcé de Lizéa, cela faisait 5 ans qu'il n'avait pas eut de relation sérieuse. Evidemment, il avait couché avec quelques femmes que ce soit ici ou en Grèce mais jamais il n'avait voulu recommencer quelque chose. Il avait connu son ex-femme au lycée et ils avaient vécu tellement de choses ensemble qu'il était convaincu de ne pas trouver de femme qui lui arrive à la cheville. Il avait aussi fréquenter quelques prostituées. Faut dire qu'il avait de l'argent et des fois, pas l'envie de s'embêter à passer par le côté drague. Bien souvent, c'était Léonidas qui le poussait la dedans parce qu'il n'y serait pas aller de lui même. Pourtant, certains de ses principes semblaient s'être effondrés dès qu'il avait fait la connaissance de Winifred. Elle lui parla alors d'une porte. Il fronça les sourcils. « Bien sur que non » Rien que de savoir qu'un mec avait posé ses mains de manière violente sur elle lui tordait l'estomac mais que pouvait-il faire ? Aller casser la gueule à ce type ? Déjà elle ne lui donnerait jamais son nom et en plus, malgré les années à l'armée, Neal n'était pas un garçon violent. Mais cela le rendait fou, tout comme les caresses de la jeune femme. Cela avait un pouvoir sur lui, le pouvoir de l'empêcher de réfléchir, de ne plus être capable de s'éloigner, de lui faire perdre tout sens logique. Il savait qu'il risquait gros en étant ici et pourtant. « Je ne m'inquiète pas pour cela, je m'inquiète pour toi » Il savait qu'elle ferait son travail correctement. Il savait que pour elle, ce n'était qu'un job, qu'une façon de gagner du fric. Il aurait tellement aimé que ce soit différent mais ce n'était pas possible. « Evite ce genre de mecs » Il était qui pour donner ce genre de conseils ? Personne.

Pourquoi il s'inquiétait pour elle ? Parce qu'elle représentait beaucoup pour lui. Elle ne devait pas en avoir conscience et peut-être que même Neal n'en avait pas encore totalement conscience. Depuis le premier jour où il était venu ici, il s'était attaché à cette jeune femme et c'était bien la seule raison qui faisait qu'il venait encore. La première fois, il avait fallu qu'on le pousse pour qu'il entre dans ce genre d'endroit. Aujourd'hui, il n'était pas plus à l'aise mais pourtant, il ne se voyait pas ne pas venir pendant une semaine. Il en avait besoin. « Je voudrais pas que quelqu'un abîme ce beau visage. » Il aurait tellement aimé rencontrer la demoiselle dans d'autres circonstances, dans un autre endroit. Aucun doute qu'il aurait été tout autant charmé par ce visage d'ange et ce caractère bien trempé. Mais cela aurait été tellement plus simple. Aussi, il préféra ajouter une petit phrase qui collait beaucoup plus avec la situation. « Et je voudrais pas perdre ma distraction ! » Ok, dans sa bouche, cela sonnait beaucoup moins bien que si c'était Léo qui l'avait dit. Et il se sentait tellement ... stupide. En fait, face à elle, il se sentait tellement minable et il avait tellement honte de ce qu'il faisait. Pourtant, il ne pu s'empêcher de ressentir une pointe de jalousie alors qu'elle s'étendait sur ses clients. Il sentait bien qu'il n'était qu'un client parmi tant d'autres. Ni plus ni moins. Et il savait qu'il allait devoir se contenter de cela. C'était difficile mais beaucoup moins que de tourner la page et de ne jamais revenir. Il se sentait crispé mais lorsqu'elle posa sa bouche sur sa mâchoire, cela eut pour effet immédiat de le détendre. Il ferma les yeux comme pour faire abstraction du lieu où ils étaient. Et il était aussi pas forcément des plus à l'aise pour parler de ses fantasmes. Déjà parce qu'il aimait les choses simples. Il n'avait pas connu beaucoup de femmes dans sa vie et Lizéa avait occupé la sienne pendant de nombreuses années. Et parce qu'il était pudique. « Je te fais confiance comme toujours. Tu trouves toujours ce qui me plait. » Oui, il éludait la question mais parce que mettre des mots là dessus était au dessus de ses capacités.