Cartes sur table

   La schyzo & Aiden

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C’était dimanche soir et comme tous les dimanche soir, une semaine sur deux, les gars se réunissaient pour une partie de poker à l’appartement de Paris. Ce dernier était revenu de Californie depuis quelques jours après avoir participé aux dernières fouilles sur les sites sinistrés. Il était crevé mais heureux d’être rentré surtout qu’il avait pu profiter d’un week-end avec les enfants et Summer. Ce n’était pas encore parfait car ils avaient passé leur temps à faire attention aux moindres de leurs faits et gestes mais dans l’ensemble, il avait passé un très bon moment.  La partie était déjà bien entamée et il jeta un coup d’œil à l’ensemble de la tablée quelque peu silencieuse. A sa gauche, il y avait Bonaventure qui affichait un air détendu. Cela faisait longtemps que Paris n’avait pas vu le métis aussi calme, aussi reposé à croire que ses retrouvailles avec Andrea s’étaient conclues sur une bonne note. A sa droite, se trouvait Aiden. Son meilleur ami. Ce dernier venait de supporter un énorme stress un peu comme Malone. Paris ne savait pas ce qui se passait dans cette ville mais visiblement ses proches en pâtissaient. A côté d’Aiden se trouvait Tomas, son ex-nouvellement à nouveau beau-frère. Si d’ordinaire ce dernier respirait le calme et le sérieux, le pompier pouvait voir que ce n’était pas le cas ce soir. Il était particulièrement stressé et des cernes attestaient d’un manque de sommeil flagrant. En face de lui, Leonidas Vasilis bougonnait en regardant son téléphone toutes les trente secondes. Sérieusement, des ambiances pourries, il en avait connu mais là, c’était le summum. « Dites les gars, si ça vous fait chier de jouer ce soir, dites le clairement. Qu’est-ce qui se passe ? Y a eu un mort ? » plaisanta l’américain histoire de dérider un peu cette tablée silencieuse. Après tout, les parties de poker étaient un bon prétexte pour discuter, échanger. Là, chacun était perdu dans son petit monde personnel.

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Tomas se sentait misérable depuis quelques jours, depuis qu’Ivy s’était réveillée. Une part de lui était heureuse que son amie soit en vie, qu’elle puisse à nouveau profiter de la vie, qu’elle puisse sortir de cet enfer. Il était réellement sincèrement heureux de ce miracle car il n’avait jamais souhaité le malheur de sa femme. Seulement, une autre part de lui, celle qu’il haïssait le plus, était malheureuse comme jamais de ce réveil qui signait la fin d’un beau rêve. Ivy était éveillée et surtout amnésique. Elle ne se souvenait plus de leur accord, persuadée d’avoir fait un mariage d’amour et il n’avait pas eu le courage de la détromper. Sa belle famille exultait de joie mais son cœur était triste. Il n’arrivait pas à s’ôter de l’esprit, le regard de Danika quand il lui avait appris qu’Ivy était sortie du coma. Depuis, il n’avait pas osé l’appeler ni même passer la voir. Il se réfugiait dans le travail et dans sa volonté d’adopter April. Sa fille. Tomas avait failli la perdre récemment et il la surprotégeait comme jamais, passant toute ses soirées à ses côtés puisqu’Ivy n’était pas encore sortie de l’hôpital. Ses beaux-parents avaient tiqué face à ce projet mais l’avocat n’avait pas reculé. Il adopterait April avec ou sans leur bénédiction. Paris prit la parole et il n’osa pas vraiment le regarder. Il se sentait coupable, lui qui avait promis à ce même homme de ne pas faire souffrir sa sœur. C’était râpé mais Paris ne lui avait encore rien dit. Peut-être n’était-il pas au courant. Aiden lui répondit et Tomas soupira avant de jeter un coup d’œil à Paris. « Nous sommes concentrés sur la partie, tout simplement. Deux d’entre-nous ayant la fâcheuse manie de tricher, nous restons attentifs » plaidait-il pour sa part quant à leur silence.

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Bonaventure peinait à se concentrer sur cette partie de carte. Il se fichait complètement à vrai dire e cette soirée. Il était venu par habitude mais son esprit était complètement ailleurs. Vers une certaine afghane de son cœur et son fils. Andrea occupait la moindre de ses pensées et le métis l’admettait : il était heureux. Cela faisait des années qu’il n’avait pas été aussi heureux. Bien sur, sa vie professionnelle était épanouissante et sa famille ainsi que ses proches comptaient énormément pour lui. Seulement, il se sentait seul depuis des années. Il avait été le témoin des amours des uns, des malheurs des autres sans jamais se prononcer. Il avait répondu toujours présent pour ses amis mais aujourd’hui, il se concentrait sur sa propre vie privée. Son fauteuil roulant était peut-être une source de mal être à ses yeux mais il était hors de question qu’il réitère les erreurs du passé. Une petite discussion débuta menée par Paris à laquelle se mêla bien vite Aiden et Tomas. Bonaventure fut tenté de garder le silence. Il connaissait suffisamment les hommes de cette table pour savoir que ce genre de discussion avait le don de toujours finir par des joutes verbales. « Je confirme ! Il vaut mieux garder un œil sur ses cartes si on ne veut pas se faire plumer » commentait-il tout simplement avec un sourire qui démontrait tout son amusement mais aussi son ironie. Tout le monde était conscient que Paris et Leonidas étaient les plus gros tricheurs. Il ne se passait pas une seule partie sans triche et bien souvent, Tomas, Aiden et lui, se couchaient et les laissaient s’affronter comme deux gosses.  Sans en prendre conscience, le métis porta à ses lèvres une poignée de chips… qui lui servaient ni plus ni moins que de monnaie de jeu.

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Leonidas fusillait ses cartes du regard. Il avait un jeu pourri et il n’avait même pas eu l’autorisation de distribuer les cartes. Le grec se retenait à grande peine d’envoyer chier les autres hommes attablés pour cette partie de poker. Il était sur les nerfs ces derniers temps que ce soit à cause de son grand-père qui lui imposait une fiancée aussi conne que ses pieds -et encore, ses pieds avaient l’intelligence de le porter ; à cause de Joan qui le torturait sans être présente dans sa vie. Cette foutue histoire d’eau et de pont lui portait sur le système au point qu’il n’avait pas couché avec la moindre bonne femme depuis le JoanGate. Cette fameuse nuit où elle avait réclamé davantage qu’une relation basée sur une parfaite entente sexuelle. Leonidas était également énervé par la présence de Lanfair. Ce type, il n’avait jamais pu le blairer. Paris ouvrit alors sa gueule et le grec rongea son frein jusqu’à ce que Bonaventure l’ouvre à son tour. « Oh ça va Weasley ! Et épargne nous ta tronche de bien heureux cinq minutes. Tu as tiré ton coup, on l’a tous bien compris. Remarque, je sais pas si je te préfère ainsi ou avec ta gueule de constipé » grommelait-il en se montrant parfaitement injuste. Il s’était toujours bien entendu avec le métis, appréciant son intelligence ainsi que certains de ses talents. Mais là, bon sang, il avait juste envie de lui arracher son sourire. Il détestait les gens heureux. « Et je ne triche pas ! Je ne peux pas me prononcer pour Maconahey mais je ne triche pas. Si vous avez du mal à accepter d’être des nullités au poker, c’est pas ma faute » poursuivit-il en continuant de fusiller son jeu du regard. Jeu de merde ! Vie de merde. Le pire, c’est qu’il ne pouvait même pas s’attaquer à Paris, ce crétin de Lanfair lui avait ôté les mots de la bouche. Lanfair de merde. Décidément, Leonidas était de forte méchante humeur, la soirée promettait.

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Paris ne s’attendait pas à ce que sa petite pique déchaine les passions et il se surprit à regarder un peu tout ce beau monde. Bonaventure affichait une détente qui n’était pas sans lui rappeler la sienne une fois le sexe consommé avec Summer. Il se demanda rapidement si Andrea n’était pas derrière tout cela et un sourire moqueur étira ses lèvres. Par contre, Aiden et Tomas n’étaient pas à la fête. Le pompier connaissait suffisamment son meilleur ami pour savoir qu’il n’y avait pas que sa blessure récente qui en était la cause mais il y avait trop de monde pour l’interroger. Concernant le grand blond, là… une grimace étira ses traits. Non, il ne valait mieux pas aborder le cas de l’avocat sinon, il allait se foutre en colère. Avait-il oublié quelqu’un ? Ah oui, Leonidas. Là pour le coup, il avait forcément envie de se marrer car il connaissait les emmerdes du brun et il avait furieusement envie de se foutre de sa gueule mais il allait être grand prince. « D’une, je joue pas les amoureux transits et de deux, ta bière, elle est demandée si gentiment, ça fait plaisir » plaisantait Paris tout en tendant une autre bière à son meilleur ami. « Et puis, pour une fois, je vais dire que le grec a raison même si ça m’écorche la gueule. On ne triche pas le moins du monde au poker, vous êtes simplement nuls… Par contre Bonaventure, tu risques d’y laisser ta chemise si tu continues à bouffer tes mises. Enfin, je dis ça mais je dis rien » poursuivit-il en offrant une véritable tête à connerie au métis. Cela l’amusait grandement de voir le médecin légiste perdre ses moyens à cause d’une femme. Il était si prompt à jouer les moralisateurs par moment qu’il avait envie d’envoyer un SMS à Andrea pour le remercier. Ouais, il ferait certainement ça tout à l’heure, une fois la partie terminée.

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Il était toujours amusant de voir combien la mauvaise fois du grec et de son ex-beau-frère pouvait rayonner autour d’une table de poker. Il n’y en avait pas un pour rattraper l’autre mais ce soir, Tomas peinait à sentir son cœur en joie. Il n’osait trop regarder Paris de peur d’y lire de la déception. Il avait promis de ne jamais blesser consciemment Danika et pourtant, en se taisant, en jouant les lâches, il était certain de la faire souffrir. Le problème c’est qu’il ignorait comment réagir au réveil de sa femme et il y avait April qui réclamait beaucoup d’attention suite à son kidnapping. Tomas avait besoin de faire le point mais il était sûr de ses sentiments. Il était irrémédiablement amoureux de la cadette de Paris. « Inutile Aiden, ils ne l’admettront jamais même si on leur mettait les preuves sous le nez » intervint-il cependant avant de se tourner vers Bonaventure. En effet, ce dernier était joyeusement en train de dévorer sa mise. « Je vais être bon prince, je t’accorde un peu de crédit » dit-il en lui donnant un peu de ses jetons. Tomas était bien trop honnête pour accepter que le métis ne commence la partie avec une mise amputée de quelques chips. « Et si nous commencions à jouer ? Bonaventure, tu distribues les cartes ? Je crois que tu es le seul qui ne trichera pas ce soir. Tu as la tête bien trop ailleurs » se moquait-il gentiment de son ami. Finalement, peut-être que cette soirée allait le divertir et le sortir de ses problèmes au moins le temps de quelques heures.

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Bonaventure encaissa les critiques avec philosophie. Il commençait à connaître les différents hommes attablés à cette table pour savoir qu’il valait mieux faire le dos rond que de répondre à leurs diverses provocations. Il avait réellement envie pour une fois, de vivre sa vie sans demander l’autorisation à quiconque. Il était heureux, cela lui faisait du bien au cœur ainsi qu’au moral. Il n’allait certainement pas laisser sa joie être ternie aussi facilement. « C’est toujours agréable d’avoir une conversation aussi franche et spontanée avec toi Leonidas » répondit-il tout de même au grec. Ils avaient eu des débuts difficiles tous les deux notamment concernant la petite compétition du grec pour savoir lequel des deux, était réellement le meilleur ami de Summer. Bonaventure n’allait pas nier le fait qu’il s’était senti menacé mais Summer avait le chic pour s’entourer de personnes qui ne voulaient que son bien. Aussi avait-il consenti à accorder un peu de place à Leonidas. Le métis sursauta néanmoins à l’avertissement de Paris, baissant son regard vers les chips qu’il était en train de grignoter depuis quelques minutes. « Merde » jura-t-il en fronçant les sourcils. Il allait partir avec un sérieux handicap à cause de son manque de concentration. L’intervention de Tomas lui arracha un petit rire. « Merci ! Je saurais me rappeler de ta générosité » lui dit-il avant de lever les yeux en l’air. « Hey, lâchez-moi avec cette histoire ! Je vous signale que quand c’était votre cas, je vous foutais une paix royale » ajoutait-il même en prenant le tas de cartes pour commencer à le mélanger et d’amorcer la distribution des cartes.

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Leonidas se retenait à grande peine de s’écrier « vos gueules » aux autres hommes. Il se reconnaissait plus. Il avait une certaine maitrise de ses émotions d’ordinaire mais il faut croire que Joan avait tout foutu en l’air et qu’il devait ramasser les pots cassés. Néanmoins, le grec n’avait jamais supporté qu’on se moque de lui. Oh ça, il aimait critiquer, vanner mais étrangement, se retrouver de l’autre côté de la barrière ne l’enchantait pas. Il avait toujours eu ce côté mauvais perdant mais à la réflexion, même quand il gagnait, il ne pouvait pas s’empêcher de la ramener. « Génial, si on commence déjà à se faire crédit alors que la partie n’a même pas commencer, on va finir assez tôt. Tu as peut-être envie de retrouver les draps de la petite sœur Maconahey, Tomas ? Remarque, je te comprends, elle a de sacrés arguments » commença-t-il à dire d’une voix trainante alors que le métis distribuait les cartes. « Ne t’inquiète pas Weasley, les femmes ne sont pas une valeur sûre, tu finiras par refaire la gueule comme d’habitude. Y en a qui n’ont pas de chance mais toi, je crois que tu as la palme » poursuivit-il tandis que son agressivité lui permettait d’évacuer la tension en lui. « N’empêche Maconahey, ça me ferait chier que les femmes de mon entourage se fassent sauter par des potes. Tu devrais peut-être faire attention à Summer, elle aurait peut-être bien envie de jouer avec ton meilleur pote ! Je dis ça, je dis rien » lâcha-t-il en regardant Aiden d’un air méprisant. Leonidas était injuste de mêler Summer à cette conversation. Il la savait bien trop amoureuse et désespérée de ne pas renouer avec Paris de manière officielle. Le grand rouquin n’avait pas caché très longtemps qu’il la revoyait. Dans un sens, il était heureux pour elle mais comme il ne l’était pas pour lui… tout le monde devait trinquer.

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