TG ✜ Bal du Nouvel An.

Je n’avais jamais résisté à la tristesse des autres. Larissa s’en amusait grandement quand elle avait besoin de me faire faire quelque chose. J’étais un clown, si mon public était triste, comment pourrait-il s’amuser de mes facéties ? C’était impossible. Aussi, je m’étais donné comme mission de faire rire le monde. « Tu as peur ? Pourquoi ? La vie est bien trop courte pour avoir peur. Il faut rigoler du danger comme ça, c’est lui qui aura peur de toi » rétorquais-je en haussant les épaules. « Et puis, ce n’est pas bien de vivre dans la tristesse, il faut sourire au contraire. J’ai l’habitude de dire que pour chaque chose triste, on doit trouver son contraire. Par exemple : mon père n’a jamais voulu de moi. C’est triste mais j’ai un tas d’oncle et de cousins prêts à jouer les pères pour moi. Ça c’est une chose joyeuse » continuais-je avant de faire une petite cabriole pour éviter qu’une de mes orange ne vienne s’écraser au sol. Je ne connaissais pas cette demoiselle mais je savais d’instinct que je ne supportais pas de voir cet air triste et perdu qu’elle avait actuellement. « Est-ce que tu veux bien danser avec moi ? Je ne nomme Lev Zirkov et je suis ton tout nouvel ami » me présentais-je en décidant de moi-même qu’elle et moi, nous serions amis. J’étais ainsi, je ne m’embarrassais pas des convenances. Je vivais l’instant présent aussi fou soit-il. Je savais que cela pouvait choquer quand on ne me connaissait pas mais comme je l’avais dit : la vie était bien trop courte pour hésiter. Et la mienne de vie, je la souhaitais à cent à l’heure.

« J’espère que ma présence ne se place pas dans la catégorie « mal accompagnée » » espérais-je sans trop savoir pourquoi. Octavia était l’ancienne compagne d’un frère d’arme et ça, c’était comme si cela la mettait dans la catégorie des femmes inaccessibles. J’avais le chic en ce moment de m’intéresser à des femmes inaccessibles. Je tournais brièvement le regard vers April qui discutait avec un jeune homme. Dans son cas, je crois que je me prenais la tête pour rien. J’avais beau la regarder, je ne ressentais aucune étincelle de désir. Le besoin de la protéger coûte que coût était présent mais je n’avais pas envie de me transformer en un grand pervers. Cela ne tournait définitivement pas rond dans ma tête. Octavia me ramena sur Terre et j’hochais la tête. « Oh il m’en faut plus pour me mettre à terre. J’ai la tête dure » lui signifiais-je avec un sourire amusé. J’avais eu des blessures plus ou moins sérieuses au cours de ma carrière mais par un miracle, je m’en étais toujours sorti, allez savoir pourquoi ni comment. Je devais être né sous une bonne étoile ou mon ange-gardien décuvait de temps en temps pour me permettre de rester en vie.

« Non je t’assure, je danse comme un pied mais si au cours de la soirée, tu as envie de tenter le diable, je veux bien te faire une démonstration » la taquinais-je tout en buvant quelques gorgées de champagne. Ce serait sûrement ma seule coupe de la soirée. « Ouais sauf si tu comptes un clébard qui a élu domicile sur mon bateau. Ce n’est pas évident de trouver quelqu’un avec mon boulot et surtout, qui accepte en quelque sorte, cette vie précaire. Je n’ai aucun luxe à offrir à une femme et malgré le fait que je nettoie mon bateau de fond en comble très souvent, il pue le poisson » rigolais-je légèrement. « Et toi, ça fait combien de temps que tu es en ville ? »

Tomas s’était mis sur son trente-et-un pour cette soirée. Ivy avait bien essayé de le retenir, prétextant qu’elle ne se sentait pas l’âme sociable ce soir mais il avait tût ce sentiment de culpabilité pour être égoïste. Ce soir, il souhaitait la passer avec Danika mais également April. Sa fille adoptive -même si techniquement, le dossier était encore sur le bureau du juge ; avait besoin de sortir, de reprendre confiance en elle. Lui-même avait besoin d’accepter le fait qu’elle pouvait sortir à nouveau sans danger. Il avait beau nier les faits, il n’en restait pas moins inquiet pour April. Il avait simplement accepté de ne pas lui montrer son angoisse pour lui permettre de passer une bonne soirée. Pour en revenir à Ivy, sa femme lui faisait la tête depuis au moins deux heures, ne comprenant pas pourquoi il souhaitait passer la nouvelle année avec d’autres personnes qu’elle. Dans son amnésie, elle ne se souvenait plus des termes de leur contrat et lui-même ne souhaitait plus se voiler la face. Il aimait une autre femme et c’était avec elle qu’il voulait passer le cap de 2018. Danika avait accepté malgré son silence radio, malgré qu’il ait lâchement fui après l’annonce du réveil d’Ivy. Cette femme était merveilleuse et il espérait que le cadeau de Noël qu’il comptait lui offrir en retard, lui ferait comprendre qu’il avait simplement été perdu par la nouvelle mais que ses sentiments en étaient restés inchangés.

Ils avaient convenu de se rendre directement sur place et Tomas déposa un baiser sur la joue d’April en la poussant à se fondre dans la masse. Le grand blond avait aperçu Aiden, ce qui le rassurait sans plus mais au moins, sa fille se sentirait peut-être plus en sécurité. Quant à lui, il venait de repérer Danika et se dirigea vers elle pour la saluer, déposant un léger baiser au coin de ses lèvres. « Tu es superbe ce soir » murmura-t-il à son oreille avant de reprendre la parole. « Pardonne moi Dani. Ma conduite de ces derniers jours a été intolérable »

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Je n’avais pas connu de grands drames dans ma vie, la vie du cirque était certaine prenante, dévorante mais elle vous mettait à l’abri de pas mal de choses comme dans une bulle protectrice. Le seul drame que je connaissais personnellement, était peut-être la défection de mon géniteur dans son rôle de père. Au fil des années, je m’étais fait une raison mais cela n’empêchait pas une certaine souffrance de persister. J’avais simplement décidé qu’elle ne dicterait pas ma vie. « Peut-être que c’est dans la nature humaine. Je n’en sais absolument rien mais moi j’ai un bon côté à ton histoire : tu n’es pas morte. Tu es encore vivante et tu peux sourire » déclarais-je avant de la faire rire avec ma cabriole. J’étais vraiment fier de moi et je me fis la promesse comme quoi, la demoiselle allait encore bien rire durant cette soirée. J’allais remettre un peu de magie dans son existence tout en me demandant également pourquoi une telle personne avait cherché à lui faire du mal. April me semblait adorable. Ce monde était vraiment barbare. « Mais tu n’avais pas le choix concernant notre amitié. Je ne me suis pas encore fait beaucoup d’amis depuis mon arrivée ! Pour ce qui est du clown, sachez demoiselle April que je suis effectivement un clown. As-tu déjà vu une représentation du cirque Zirkov ? » lui demandais-je curieux avant de donner mes oranges à une serveuse qui passait avec un plateau pour mieux attraper la main d’April et la conduire sur la piste de danse. « Je t’apprendrais à jongler si tu me promets en échange, de jouer les guides touristiques pour moi. Je veux voir la ville à travers tes yeux » exprimais-je mon envie avant de la faire tourner sur elle-même avec un grand sourire. Je n’étais pas un très bon danseur mais j’aimais faire n’importe quoi quitte à danser du rock sur une valse.

Tomas était heureux de retrouver Danika mais également anxieux. Il avait fait silence radio, à la fois par lâcheté mais également par égoïsme. Il avait besoin de se retrouver mais les événements s’étaient enchainés notamment avec le drame qu’avait vécu April. L’avocat n’avait pas eu beaucoup de temps finalement pour réfléchir mais ses sentiments n’avaient pas faibli. Au contraire, l’absence les avait renforcés. Un rapide sourire étira ses lèvres face à son compliment. Il avait mis son plus beau costume pour ce bal afin de lui faire honneur. Danika était anxieuse, il pouvait le voir et il s’en sentait désolé. « Je sais. Tout s’est enchainé. Je pensais juste prendre quelques jours pour faire le point mais mon dieu… Ce qui est arrivé avec April m’a complétement dépassé » avouait-il avec toute son impuissance. « Elle ne va pas bien. Elle fait cauchemar sur cauchemar et j’ignore comment l’aider. Ivy habite avec nous, c’est encore plus compliqué. Elle ne comprend pas étant elle-même perdu. Je suis au milieu des deux et je peux te dire que ce n’est pas une mince affaire » poursuivit-il en posant ses mains sur les épaules de sa jeune amante. « Cela n’excuse pas mon silence pour autant et je suis heureux que tu aies accepté de passer ce nouvel an avec moi. J’avais besoin de te voir, tu me manques tellement Danika » murmura-t-il en venant déposer un baiser sur ses lèvres. Tomas en avait marre de se cacher des autres. Il aimait cette femme et il ne voulait pas s’en cacher. « J’ai un cadeau pour toi » dit-il en prenant un petit écrin rectangulaire qu’il avait dissimulé dans la poche de sa veste. « A la fois pour Noël mais également pour me faire pardonner de cette nouvelle épreuve » dit-il avant de l’inciter à ouvrir son cadeau.
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