Rompre le deal.

   Joan & Leonidas

   Rompre le deal

IL Y A QUELQUES SEMAINES |
Il était trois heures du matin et Leonidas quittait son penthouse de son hôtel pour monter dans sa voiture. Son chauffeur connaissait parfaitement l’adresse où son patron désirait se rendre malgré l’heure tardive. Ce n’était pas la première fois qu’il se rendait dans ce quartier de la ville tout en se demandant bien qui pouvait être cette mystérieuse femme. Il connaissait parfaitement son patron et c’était plutôt rare qu’il aille se perdre dans les draps d’une seule et même femme surtout la semaine. Il avait bien plus pour habitude, surtout à Athènes, de jongler entre les maîtresses. Bien entendu, il ne poserait jamais de question, respectant la vie de cet homme qui lui avait donné ce travail. Leonidas, ferma les yeux en rejetant la tête en arrière. Il était épuisé après cette journée de travail qui s’était terminé en une soirée particulièrement longue avec des investisseurs. Il détestait jouer les babysitters de la sorte mais quand il y avait un contrat juteux en ligne de mire, tous les sacrifices étaient bons. Là, il ne désirait qu’une seule chose : retrouver Joan, se glisser entre ses draps et partager avec elle, une bonne séance de sexe. Le pire, dans cette histoire, c’est que le sexe n’était qu’un bonus, il souhaitait avant tout retrouver sa petite brune pour se détendre. Joan avait toujours ce pouvoir de lui faire oublier ses longues heures de travail ou encore de ses problèmes. Ils ne parlaient que rarement de travail ou même de ses problèmes mais sa simple présence suffisait à calmer le grec. La voiture se gara et le chauffeur salua son patron qui s’engouffra rapidement dans l’immeuble.

Il se fichait bien de l’heure, ce n’était pas la première fois qu’il se glisserait à une heure indue, entre les draps de sa meilleure amie. Combien de fois était-il passé quelques heures entre deux vols quand il habitait à Athènes ? Il ne les comptait même plus. La porte s’ouvrit et il la referma discrètement pour mieux se déchausser. Il sentait le tabac ainsi que l’alcool mais lui-même n’avait pas bu plus que de raison. Il ne buvait que rarement quand il négociait un contrat préférant garder l’esprit clair. Par contre, fumer… ça, c’était un autre souci. Leonidas avait même tendance à doubler sa consommation de tabac. Il se déshabilla rapidement pour mieux se glisser contre le corps chaud de Joan, déposant un baiser sur son épaule puis, au creux de son cou. « Kalispéra » murmura-t-il son bonsoir au creux de l’oreille de sa meilleure amie pour la réveiller.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

   Joan & Leonidas

   Rompre le deal

IL Y A QUELQUES SEMAINES |
Rompre le deal. Passer à l’étape supérieure. Cela faisait quelques jours que je ruminais cette intention sans savoir si c’était vraiment une bonne idée. Une part de moi se disait déjà que révéler mes sentiments à Léonidas serait pire que de se prendre un mur en pleine face ! Mais une autre part de moi espérait, espérait bêtement que les paroles de Katherine soit possible.
Katherine. C’est à cause d’elle que je suis là à me retourner dans le lit depuis quelques jours. J’adore cette nana, vraiment ! Mais bon sang, elle est pire que Summer pour me mettre des idées à l’eau de rose dans le crane ! Mais je ne sais pas, je me dis qu’elle a peut-être raison, que si ça fait 15 ans que Léo et moi on se connait, et quelques années déjà qu’on se conforte dans ce deal, c’est peut-être justement parce qu’on est fait pour finir ensemble ? qu’il faut juste que l’un d’entre nous fasse le premier pas ?

Je soupire en me retournant pour la énième fois dans le lit alors que j’entends du bruit dans le salon. A cette heure-ci ? deux possibilités : un voleur, ou Léo. Je penche pour la deuxième option, parce que pour la première, une chose est sure : il faut faire un repérage, et n’importe quel bon voleur qui aurait fait ce boulot saurait d’avance qu’il n’y a rien à voler chez moi ! Donc, pas de doute, il s’agit de Léonidas…je le sais d’autant plus que je décèle son imposante silhouette entrée dans la chambre et que je ne vois clairement pas ce qu’il y aurait d’avantageux pour un voleur que de se déshabiller ici, maintenant !

Les vapeurs d’alcool lié à l’odeur de cigarettes ne laissent plus aucun doute quant à l’identité de la personne, et je ne parle même pas de ce corps nu qui se plaque contre le mien, qui je le sais, ne tardera pas à s’éveiller…c’est d’ailleurs pour ça qu’il chercher à me réveiller, n’est-ce pas ? En fait, je sais ces intentions depuis le moment où j’ai reçu ce textos quelques minutes plus tôt pour me dire qu’il arrivait. Trois jours que monsieur passent à son penthouse sans donner de nouvelles, et là ? là il se souvient comment écrire un SMS, tout en se souvenant que j’existe…Je crois que Katherine a raison : rien n’ira en s’améliorant et si ne dis rien, un jour j’éclaterais pour les mauvaises raisons. Et si ce jour arrive maintenant ?
Je fais mine de m’éveiller sous les baisers de Léonidas et lui rend au moins son « bonsoir », mais je sens déjà ses mains se balader sur moi, alors je murmure d’une voix rauque, presqu’endormie : « qu’est-ce que tu fais ? »


[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

   Joan & Leonidas

   Rompre le deal

IL Y A QUELQUES SEMAINES |
Leonidas connaissait cet appartement comme son occupante par cœur. Il pouvait aisément se diriger sans allumer la moindre lumière et pourtant, quelque chose de fondamental lui échappait : Joan. Il ignorait tout des pensées de sa meilleure amie et de ses sentiments. S’il était moins aveugle ou plutôt moins borné, lui-même aurait pu se rendre compte de la tension qui habitait la petite brune ces dernières semaines. Joan semblait se retenir à chaque fois de lui dire quelque chose mais il fermait les yeux et continuait de ne rien voir. Certains diraient que c’était plus pratique comme cela, que c’était la solution de facilité. D’autres, prieraient simplement pour que la jeune femme ne commette pas l’irréparable en mêlant les sentiments avec leur relation. Leonidas ne se fixait jamais, il n’aimait pas, il ne se s’engageait pas. Les femmes étaient des créatures bien trop volages et instables pour qu’il puisse se poser. Il n’avait pas confiance et ce désamour se traduisait dans sa façon de gérer ses relations. Pourtant, Joan faisait figure d’exception et sa plus grande crainte était que cela change. Une petite voix lui souffla que depuis le temps, Joan se serait manifestée mais non. Sa meilleure amie continuait d’honorer sa part du contrat sans rien demander d’autre et le grec en était ravi. Il était même plongé dans un « ronron » que l’on pourrait aisément qualifier de routinier depuis quelques temps voire quelques années. Joan était une valeur sûre, une chose tangible, quelqu’un qui ne le décevait jamais. Cela leur arrivait de s’engueuler, de se faire la gueule mais elle était toujours là pour Leonidas tout comme il se faisait un plaisir de répondre présent pour elle. L’honnêteté n’étant pas son fort -surtout à vis-à-vis de lui-même, l’homme d’affaires ne comprenait pas qu’il avait lui-même oublié les termes du contrat, qu’il avait inconsciemment rompu le deal. Il s’était posé, il avait cessé de voir ailleurs pour se contenter de ce que Joan avait à lui offrir. « A ton avis ? Je viens fêter mon nouveau contrat auprès de ma meilleure amie » dit-il en venant la surplomber de son corps tandis que ses lèvres effleuraient les siennes pour mieux s’aventurer sur sa gorge. Il connaissait qu’une seule façon de conclure une soirée d’affaires : le sexe. Or, il n’y avait qu’avec elle qu’il se sentait motivé à le faire. « Et puis, tu adores ma façon de te réveiller » murmura-t-il en venant mordiller la pointe de l’un de ses seins.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

   Joan & Leonidas

   Rompre le deal

IL Y A QUELQUES SEMAINES |
Résister…cela faisait plusieurs jours que je résistais à l’envie de lui dire ce que ressentais, à cracher mon envie de foutre en l’air notre deal. Et aujourd’hui il fallait que je résiste à l’envie de céder aux caresses du Grec. A chaque fois, c’était comme cela que les choses se passaient : je l’attendais bourrée d’intention à tout lui révéler, et il suffisait qu’il arrive, qu’il place deux trois phrases tranquillement, me prenne dans ses bras, poses ses lèvres dans mon cou et ou écrase des mains sures sur mes hanches pour que je ferme la bouche et renonce à mes sentiments. Pourquoi ? par la peur…la peur de la déception, la peur que tout s’arrête. Sauf qu’un sentiment bien plus fort que la peur me gagne aujourd’hui : je suis en train de me noyer. Je le sens…je me perds dans une vie que je ne veux plus, et je ne sais pas si c’est la période de l’année ou le fait de voir que même le couple que je voyais en modèle et qui s’est déchiré, a fini par se remettre ensemble. Ce que je sais, c’est que bizarrement, ce soir, j’ai atteint le non-retour.

Il avait eu ces derniers jours pour lui tout seul. Trois jours où il a daigné faire comme si je n’existais pas. Trois jours où il n’était séparé que de quelques kilomètres de moi, et où il aurait eu tout le loisir de me rejoindre s’il l’avait voulu…mais justement voilà, il ne l’avait pas voulu ! Et c’est parce qu’il a besoin de moi maintenant, qu’il faudrait que je réponde présente ?? Non, je ne peux plus…ça ne peux plus se passer comme ça. J’ai besoin de lui, moi aussi, et pas comme il le désire. Katherine pense qu’il est ainsi parce qu’il se rend aveugle tout seul de ces propres envies mais…je finis par croire que j’espère des trucs bêtement pour rien.

Et finalement, je crois que c’est cette soudaine perte d’espoir qui me donne envie de tout lui révéler. J’ai des sentiments pour lui et…et je peux plus les garder. Tant pis pour le reste…Il retourne mon corps pour me surplomber ensuite tout en m’annonçant qu’il a remporté son nouveau contrat, et moi je fronce le regard, résistant avec peine à ses assauts « Félicitations » déclarant d’un ton monocorde et clairement pas enclin à l’enthousiasme. Mes mains qui normalement devrait être en train de le caresser pour répondre à sa façon si suave de me réveiller, se pose sur ses épaules, mais non pas pour l’inciter à continuer, mais bel et bien pour le repousser. « C’est vrai…mais pas ce soir. » Non, ce soir, je n’aime pas ce qu’il se passe. « Je n’ai pas envie de faire office de défouloir sexuelle pour te détendre après plusieurs heures passées à faire des courbettes à des vieux croutons pleins de frics. Désolée… » Je le repousse encore et je sais que si son corps retombe à mes côtés, ce n’est pas uniquement grâce à la force de mes bras, mais bien parce que Léonidas est surpris par mon soudain refus…le premier et peut-être le dernier…

   Joan & Leonidas

   Rompre le deal

IL Y A QUELQUES SEMAINES |
Joan n’était pas aussi réceptive qu’à l’accoutumée, Leonidas en avait bien conscience mais il mettait cela sur le compte de l’heure. Il était tard, elle était encore endormie seulement, il avait beau se le répéter, il n’y croyait pas. Une pensée subite le prit : peut-être était-elle dans la mauvaise période ? Cela lui arrivait et il devait faire avec. Seulement, sa meilleure amie avait l’habitude dans ces cas-là de porter quelque chose sur elle. Or, elle était aussi nue que lui. Une mauvaise soirée au restaurant ? Il voulait bien lui changer les idées de la plus sensuelle des manières. « Pardon ? » lâcha-t-il quand il sentit une pression sur ses épaules pour l’écarter. Elle ne voulait pas ?! Depuis quand est-ce qu’elle ne voulait pas ?! Le grec se laissa retomber sur le côté, en fronçant les sourcils. « Tu as passé une mauvaise soirée ? T’es pas d’humeur ? Non parce que je peux t’aider à revenir vers de meilleurs sentiments » répondit-il en haussant un sourcil, dans une attitude clairement séductrice. La pièce était partiellement plongée dans l’obscurité mais il pouvait discerner son visage et l’expression de son regard. Pour la première fois, il y voyait comme une flamme de détermination. Qu’est-ce qu’il se passait ?! « Depuis quand tu refuses ? D’ordinaire, tu ne te fais pas prier » lui demandait-il, cherchant à comprendre ce qui se passait dans la tête de sa meilleure amie. A l’écouter parler, on pourrait croire qu’il la prenait uniquement comme un vide-couille pour parler crument. Joan n’avait jamais eu à se plaindre et elle ne s’en était jamais plainte jusqu’à présent. Certes, il pouvait débarquer à n’importe quelle heure mais il tâchait de se faire pardonner en lui offrant plusieurs orgasmes. « Qu’est-ce qui se passe Grieve ? ». L’emploi du nom de famille ne voulait dire qu’une chose : Leonidas était en train de réfléchir, d’analyser les faits et gestes de sa meilleure amie mais aussi, de prendre une certaine distance, comme si inconsciemment, il sentait venir une discussion désagréable. Oh, cela lui arrivait de l’appeler par son nom de famille mais d’ordinaire, le ton était moqueur, taquin. Là, il était simplement « neutre ».
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

   Joan & Leonidas

   Rompre le deal

IL Y A QUELQUES SEMAINES |
Et voilà, je ne pouvais plus reculer maintenant…je fermais les yeux une fraction de secondes comme pour me mettre en une bulle et me répéter à moi-même que j’avais bien fait, qu’il était temps que les choses changent. Et quand je rouvrais les yeux, c’était pour les poser sur un Leonidas surpris qui pense que mon refus vient avec une mauvaise humeur passagère. Alors je soupirais tout en déclarant avec une voix lasse : « Noooonn… non, non je n’ai pas eu une mauvaise soirée au restaurant, non je n’ai pas mes règles, si tant est que tu te sois posé la question et non tu ne peux pas m’aider en me proposant de me sauter ce soir » je ne criais pas, et c’était sans doute là le signal d’alarme pour Léo. D’habitude, quand j’ai envie de criser, je le fais en hurlant, comme lui le ferait en parlant grec. Mettez ça sur le coup de mes origines italiennes si vous voulez… Ce soir, je n’ai pas envie d’hurler. Ça ne servirait à rien, en tout cas, ça ne permettrais pas à mon ami de comprendre ce qu’il se passe.

Je ne répondais pas à sa question tout de suite ; depuis quand je refuse…depuis que je réalise que je me berce d’illusion en pensant qu’à chaque fois que tu te fonds en moi Vasilis, c’est pour me dire que tu m’aimes…à ta façon. Non, je ne peux pas lui dire ça comme ça. Je me pince les lèvres pour freiner mon envie de lui dire les choses de but en blanc, mais lorsque qu’il vient à employer mon nom de Famille pour m’interpeller, je sais dès cet instant qu’il comprend que quelque chose ne va pas, et que c’est bien plus grave qu’une simple « migraine passagère ».

Je prends le temps de me rassoir sur le lit et de rabattre les draps sur moi afin de cacher ma nudité et de paraître un minimum crédible dans un instant pareil ; après tout un peu de pudeur ça ne fait pas de mal. J’inspire ensuite profondément et ose enfin lui imposer une conversation, sur ce que l’on a appelé pendant des années « notre deal » : « En fait…dis-moi pourquoi t’es là ? hmm ? » commençais-je par demander avant d’être plus claire « Ca fait 3 jours que tu fais le mort en restant cloîtrer dans ton penthouse, sans te soucier de comment je fais, ce que je fais, et si…si je t’attend ou pas… » Ca il le faisait déjà à l’époque où il crapahutait entre ici et Athènes. Mais je mettais ça sur le coup de la longue distance. Or là, il n’avait plus cette excuse « Si tu viens juste pour tirer ton coup, je te le dis tout de suite Léo, c’est mort. C’est plus possible… » avais fini par dire après avoir laissé un moment de silence entre nous pour lui permettre de s’expliquer.

   Joan & Leonidas

   Rompre le deal

IL Y A QUELQUES SEMAINES |
Appelez cela l’instinct de conservation mais Leonidas sentit clairement une alarme résonner dans son esprit, lui indiquant qu’il valait mieux fuir maintenant au risque de perdre quelque chose de précieux. Joan semblait très sérieuse et il ne comprenait pas ce qui lui arrivait ou plutôt, il n’avait pas envie de comprendre. Comprendre, c’est prendre le risque d’accepter un fait qui ne lui convenait pas. Comprendre, c’était prendre le risque que les choses changent. Comprendre, c’était voir la réalité en face. Une réalité qu’il n’avait pas envie d’affronter. Comprendre, c’était perdre Joan. Leonidas n’était pas idiot ni même aveugle. Il pouvait avoir des œillères concernant certains sujets mais il savait reconnaitre quand Joan s’apprêtait à livrer bataille. Or, justement, elle manifestait tous les signes avant coureur d’une discussion trop sérieuse pour être honnête. « Tu es sûre ? » demandait-il bêtement mais le regard de sa meilleure amie lui apporta la réponse : il pouvait se l’enrouler autour de la taille ou se la mettre derrière l’oreille.

Leonidas ne s’en formalisait pas, son désir s’était clairement éteint dès lors qu’elle l’avait repoussé comme si, son pénis avait compris que ce n’était pas la peine de lutter. « C’est quoi cette scène à deux balles que tu me fais ? Trois jours, ce n’est pas la mort. Tu ne veux quand même pas que je te tienne la conversation tous les jours ? » fronça-t-il les sourcils. Joan ne lui avait jamais fait de scène de ce genre, elle savait que lorsqu’il était sur un contrat, il pouvait disparaitre de la circulation. Le grec était comme un animal sauvage : dès qu’il flairait l’odeur d’une proie, il pouvait rester en position de chasse durant des jours jusqu’à planter les crocs dans la jugulaire de sa victime -en l’occurrence, dans le portefeuille d’un gros client. « Il me semblait que tu n’étais jamais contre que je vienne tirer mon coup. C’est quoi le problème Grieve ? Tu as rencontré un mec et tu es gentiment en train de me dire que je peux remballer le matériel car tu as trouvé un nouveau sextoy pour te satisfaire ? » lui demandait-il en essayant de calmer cette colère qui se nourrissait de cette désagréable image de Joan avec un autre homme. Elle n’avait pas le droit, elle était tout simplement à lui. A quoi bon pieuter ailleurs quand elle avait tout ce qu’il lui fallait à portée de main ?! « Tu me fais la gueule simplement parce que je t’ai pas envoyé de textos en trois jours ? Tu ne trouves pas que tu exagères un peu non ? Franchement, j’ai l’impression de me faire engueuler par une épouse délaissée » plaisantait-il en secouant la tête, se fichant bien d’être nu sur le matelas. Leonidas n’était pas pudique pour un sou : il assumait son corps avec ses tatouages et ses cicatrices.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

   Joan & Leonidas

   Rompre le deal

IL Y A QUELQUES SEMAINES |
En fait, même en essayant de lui poser les choses calmement, la seule chose qu’il voit, c’est que mon comportement est forcément lié à une crise, une scène ou quelque chose du même acabit. Or, les scènes, on les fait quand on est un couple, nan ? Ce que nous ne sommes pas…Donc là, ce que je fais, c’est uniquement lui présenter mon malaise, un besoin…le besoin de savoir que je ne suis pas la seule à espérer quelque chose pour nous. « Tu vois le truc Léo, c’est que toi, tu ne penses que je ne parle que de ces trois derniers jours…mais je parle de plusieurs années, en fait. » je baisse la tête et observe mes jambes tendus et cachées par les draps, comme si sur elles se trouvaient la solution quant au prochain mot que je dois délivrer à mon meilleur ami. Je me fais violence pour ne pas crier ma frustration, pour ne pas exploser et lui dire ce que je ressens. Mais il faut pourtant qu’il comprenne, qu’il réalise une bonne fois pour toute que j’ai suffisamment donné.

L’évocation d’un autre homme comme bouche trou me fait mal au cœur…en fait, il est persuadé que je suis réduite à ce genre de choses. Sans doute parce que lui le ferait sans hésiter s’il ne m’avait pas sous le coude ? Les mots « épouse délaissée » me font rire nerveusement alors que je tourne à nouveau la tête vers lui pour lui répondre « plus de 5 années Leonidas… plus de 5 ans que l’on joue à ce jeu toi et moi. Pendant tout ce temps, j’ai fait ce que tu attendais de moi. Et je crois que c’est de ma faute aujourd’hui si tu penses que je fais la gueule que pour ces 3 derniers jours… » j’observe cet homme que j’ai désiré depuis que j’ai 16 ans et qui m’a toujours vu comme sa meilleure amie avec quelques petits bénéfices. Presque 15 ans donc que je suis là à espérer qu’il comprenne que je peux être autre chose pour lui, mais non…il ne voit rien. « Je te repose donc la question, Vasilis : pourquoi tu viens me voir, moi, pour tirer ton coup ? Parce que je suis disponible ? ou parce que je compte pour toi, et pas seulement comme une meilleure amie ? » idiotement, il fallait que je sache comme il me percevait avant de lui dire ce que je ressentais pour lui

   Joan & Leonidas

   Rompre le deal

IL Y A QUELQUES SEMAINES |
La discussion ne lui plaisait pas et il sentait que la suite n’allait pas lui plaire non plus. Pourquoi était-elle aussi sérieuse ? Rien n’était sérieux entre eux. Elle était sa meilleure amie, celle qui le connaissait certainement le mieux même s’il avait tu une grande partie de sa vie. Auprès d’elle, Leonidas n’avait pas besoin d’être le monstre qu’il était habituellement avec les autres femmes. Il prenait, il jetait et il humiliait au passage pour être certain qu’elles ne se mettent pas dans la tête, qu’elles avaient un quelconque intérêt à ses yeux. Joan, était la seule exception qu’il s’était permise ces dernières années car il avait confiance en elle pour ne pas tout mélanger. Elle avait la tête froide, elle n’était pas du genre à croire au prince charmant et encore moins, la folie de s’imaginer qu’il pourrait incarner ce rôle. Le grec n’avait rien de charmant ni dans son sourire, ni dans son regard. Joan reprit la parole à sa suite et son visage se ferma. Toute idée de coucherie le déserta tandis qu’il sortait du lit pour enfiler à nouveau son boxer ainsi que son pantalon. Il sentait une certaine fureur couver en lui mais il essayait de se calmer pour ne pas exploser. Il avait toujours eu un contrôle très poussé sur ses sentiments et autres humeurs, il n’allait pas le perdre cette nuit. « Arrêtons tout de suite cette discussion idiote. Pourquoi est-ce que tu te poses ces questions ?! Notre entente sexuelle me satisfait et je n’ai pas besoin de te jeter après car justement tu es ma meilleure amie. Il n’y a pas de prise de tête, tu sais comment je suis et je sais comment tu es. Point barre » déclarait-il en lui tournant le dos. Elle n’avait pas le droit de briser le code. Leur accord était parfait, pourquoi entacher tout cela ? « Franchement Joan, si tu ne voulais simplement pas coucher avec moi ce soir, tu n’avais qu’à me dire que tu avais mal au crâne au lieu de jouer cette carte de la grande discussion. Je suis franchement pas d’humeur pour ça » poursuivit-il en serrant le poing pour que cesse les tremblements de ses doigts. Leonidas refusait de prendre en compte la peur qui lui enserrait le cœur. Il était hors de question qu’il perde le contrôle. Joan allait rigoler, le charrier puis, elle l’enverrait péter.

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

   Joan & Leonidas

   Rompre le deal

IL Y A QUELQUES SEMAINES |

Arrêter cette discussion idiote ? Voilà donc sa manière de répondre au plus grand questionnement de toute ma vie ? Je fermais les yeux en secouant presque imperceptiblement la tête, comme pour me sermonner intérieurement d’avoir osé penser qu’il était d’avouer ses sentiments…en fait, je crois bien qu’au vue des paroles qu’il déversait en ce moment même, il en devenait presque inutile que je lui dévoile quoique ce soit. Je l’écoute, mais mon cœur lui, il saigne. Je le savais bien que cette conversation ne mènerait à rien. Enfin, si : elle sonnait la fin de ce deal.

Finalement, lasse de l’entendre se focaliser sur ce qui avait attrait à notre entente sexuelle, je finissais par soupirer et lui demander de s’arrêter : « En fait, je me demande moi-même pourquoi j’ai osé penser que je pouvais avoir une conversation profonde avec toi… » commençais-je par déclarer d’un ton défaitiste. Je tirais sur les draps du lit en me servait d’eux pour me couvrir tandis que je me levais et enroulais le tissu autour de moi. Tenant les pans d’une main, je décidais de faire front à la soi-disant mauvaise humeur de Léonidas et déclarait à son attention : « Ce que j’essaye de te dire, c’est que ça là… » de ma main libre je nous désignais l’un et l’autre à plusieurs reprises, pour symboliser notre relation « ça ne peut plus durer…du moins plus comme ça ne l’est en ce moment. » Je tâchais de prendre du temps à la réflexion un instant, histoire de trouver les bons mots, mais voilà le problème : j’avais retourné les choses dans tous les sens, je n’arrêtais pas de me dire que si là, maintenant, je lui disais être amoureuse de lui, il finirait par s’en aller, à se mettre en colère et…je ne voulais pas lui dire adieu. Depuis le début, je savais que c’était le risque, mais naïvement, j’ai pensé que – peut-être – il aurait fini par me dire que lui non plus il ne voulait plus continuer ainsi. Bon Okay, pour le moment il n’avait pas dit le contraire non plus, mais soyons lucides : les paroles qu’il était en train de me sortir depuis tout à l’heure, mêlé à l’inconfort que je pouvais lire dans ses yeux, ne m’aidait pas à croire qu’il allait d’une minute à l’autre m’avouer qu’il m’aimait aussi.

Autant de rien dire ?

Les yeux presque implorants, je fixais Léonidas : je l’implorais de me comprendre, de comprendre que je n’avais plus la force de prétendre que ce deal ne me faisait rien ; que ce deal ne me rendait chaque jour encore plus accro à lui… « Je ne peux plus Léo. Je peux plus faire comme si je n’avais pas besoin de plus vis-à-vis de cette relation qu’on a toi et moi. Ça fait plus de 5 ans que ça dure et rien n’a changé. Du moins dans ta tête…Pour ma part, si. J’ai besoin d’un engagement… » Le mot engagement fut le seul que j’ai pu trouver pour remplacer le terme sentiment. J’ai besoin d’un engagement de sa part ; j’aimerais qu’il s’engage à n’aimer que moi, à ne vouloir que moi, à n’être intéresser que par moi ; J’aimerais un engagement sur le long terme : rien de très glorieux en soi, ni de trop précipité non plus, mais disons que j’aimerais bien avoir la garantie qu’un jour, lui et moi, on puisse avoir un avenir concret. Engagement…

Mais je me rends compte en observant Léonidas, que ce mot n’aurait jamais dû sortir de mes lèvres. J’en ai déjà plein de regret, mais en même temps : cela ne vaut-il pas mieux que de dire « je suis amoureuse de toi » ?